LA LOIRE – VILLEREST – UNE ASSOCIATION

Elle domine les gorges que la Loire a façonnées en traversant le seuil de Neulise qui sépare la plaine du Forez de la plaine de Roanne. Gorges à la sauvage beauté, aujourd’hui disparues, recelant un site redoutable : le saut du Perron, ô combien funeste pour les embarcations des mariniers. Car cette Loire fut naviguée !

Villerest, c’est aussi le barrage qui au début des années 1980, en retenant le fleuve a englouti les gorges, suscitant l’amertume et la nostalgie de nombreux habitants du pays Roannais.

Villerest, village agricole de 800 habitants il y a moins de 50 ans, est aujourd’hui la banlieue de Roanne et compte près de 5 000 habitants. Vingt ans après la mise en eau, de nombreux villerestois ignorent l’histoire de leur village, de ce barrage et du passé de ce fleuve Loire qui coule encore à leurs pieds.

Ce constat a amené l’association « Ensemble à Villerest » à monter une exposition « Le barrage de Villerest, vingt ans après », présentée en 2002. Cette réalisation avait pour but de fédérer les anciens villerestois, retrouvant un peu de leur histoire, et les nouveaux, s’interrogeant sur la finalité du gigantesque ouvrage dont ils constatent surtout les nuisances locales.

Ce slogan a réuni de nombreux villerestois depuis 2001. Les adhérents de l’association se sont engagés dans de multiples actions qui répondent à cette même volonté :

Ø Travail sur l’identité : faire lien entre les citoyens d’une même commune. S’approprier l’histoire. Promouvoir des solidarités intergénérationnelles, transculturelles, mais aussi une solidarité avec les plus défavorisés.

Ø Travail sur la citoyenneté : comprendre l’organisation communale et participer au débat. Former les citoyens et favoriser chaque fois que possible l’émergence d’une démocratie participative.

Ø Travail sur le développement durable : Penser le présent en préparant l’avenir dans nos choix de construction, de budget, et d’urbanisme…… tout en respectant le passé.

Ces principes fondateurs de l’Association Ensemble à Villerest se retrouvent pleinement dans le projet d’exposition sur  « le Barrage, vingt ans après », qui a suscité l’intérêt des nombreux visiteurs et réveillé la nostalgie de la Loire d’avant, de la Loire des gorges, et pour certains de la Loire de la navigation.

La Loire de la navigation, pied de nez à nos livres d’école dont bien peu ont su nous livrer l’histoire incroyable de ces bateaux sans retour qui descendaient le fleuve pour aller jusqu’à Nantes ou jusqu’à Paris et qui transportaient qui des hommes, qui du bétail, qui du vin de la Côte Roannaise, et d’autres enfin, au début de l’ère industrielle le précieux charbon.

Ces bateaux étaient nommés « Ramberte ».

La rencontre avec ces fragments de notre histoire oubliée, a suscité notre curiosité, qui peu a peu s’est amplifiée pour donner corps à ce projet un peu fou qui se livre à vous aujourd’hui. Fou bien sûr, mais pas plus que cette folie nécessaire à ces valeureux mariniers à affronter les passages dangereux de la Loire à Villerest.

Faire revivre un peu de cette épopée, telle est aujourd’hui notre ambition avec le même sens de l’éphémère, un voyage sans retour auquel nous vous proposons d’être associés

I - Histoire de bateaux :

I- 1 : La batellerie de Loire dans notre région roannaise : des cabanes aux rambertes.

les cabanes :

Jusqu’au début du XVIII^ème siècle, la ville de Roanne sur la Loire fut « tête de navigation ». Depuis fort longtemps on y construisait des bateaux destinés à naviguer sur le fleuve.

Certains bateaux étaient destinés au transport des voyageurs qui voulaient éviter la fatigue de la grande route du Bourbonnais, reliant Lyon à Paris et passant par Roanne. On les nommait « cabanes » du nom du très sommaire habitacle qui permettait d’abriter les voyageurs. Les « coches d’eau » mis en service par les ducs de Roannez, au XVII^ème siècle étaient du même type tout en assurant un service régulier.

On construisait également des embarcations destinées au transport des marchandises. Ce sont les « Roannaises », ancêtres de nos modernes péniches, appartenant au genre « sapines ». Avec leur fond plat elles pouvaient transporter des charges importantes et notamment les vins de Renaison et de la Côte Roannaise et le charbon en provenance du bassin houiller de Saint-Etienne.

Avec ces bateaux, on descend le fleuve vers Nantes, on emprunte aussi le Canal de Briare vers la Seine et Paris. En arrivant à destination, ils sont déchargés et « déchirés », leur bois vendu comme matériau de construction ou bois de chauffe. Ce sont des bateaux frustes conçus pour un seul voyage !

Les rambertes :

Au début du XVIII^ème siècle des travaux dans les gorges de la Loire permettent de faire remonter la tête de la navigation ligérienne jusqu’à St Rambert-sur-Loire. C’est là désormais, à proximité des mines de Saint-Etienne que l’on embarquera le charbon.

Les bateaux sont construits sur place sur le modèle des « Roannaises » : on les nommera « Saint-Rambertes » ou « Rambertes » ou encore « Salambardes ».

Entre 1704 et le milieu du XIX^ème siècle des milliers de bateaux chargés de charbon vont descendre le cours de la Loire.

En arrivant à Roanne elles sont assemblées deux par deux (les couplages) elles poursuivront leur chemin vers la Basse Loire ou vers Paris.

I - 2 VILLEREST

Villerest se trouve sur le trajet des rambertes qui rejoignaient Roanne. Ces dernières pouvaient y faire escale puisqu’il s’y trouvait un port.

Mais Villerest, c’est surtout le saut du Perron. Le site constitue aussi l’un des points les plus noirs de la navigation ligérienne. Les mariniers redoutent ce passage resserré, sinueux, encombré de rochers malveillants. Les rapides du Perron sont mentionnés sur les cartes locales comme « un endroit détestable ». Avant de les affronter les mariniers prient la madone dont une statue se dresse sur l’éperon qui domine le fleuve : le Lourdon. Effectivement, de nombreuses rambertes feront naufrage ici et les habitants de Villerest ont même organisé une confrérie sous le vocable de saint Nicolas, patron des mariniers.

Cette épopée des Rambertes cessera dans les années 1860 avec la concurrence du chemin de fer.

Quel habitant du Roannais, amoureux des gorges de la Loire avant que le barrage de Villerest ne vienne les submerger, pouvait imaginer que plusieurs dizaines de milliers de bateaux étaient passés par là ?

II) Nos objectifs : pourquoi construire une ramberte ?

Notre association, se propose de reconstruire une ramberte, ce qui serait une première en Pays Roannais haut lieu de la batellerie de Loire.

II - 1) Faire revivre l’histoire locale.

< A la recherche de nos racines,

Ces fameuses rambertes, si beaucoup d’entre nous, en ont entendu parler, peu les connaissent vraiment. La construction d’une réplique sera l’occasion de concrétiser des idées quelque peu floues et abstraites sur une embarcation devenue mythique.

< Le Roannais se réveille

Un regain d’intérêt pour le fleuve semble se dessiner.

Plusieurs manifestations festives dédiées à la Loire ont été organisées par trois communes riveraines en 2004, Mably, Commelle-Vernay et Villerest.

La Ramberte peut devenir l’emblème de nouveaux projets en relation avec la Loire.

< Charpentiers :

Que d’ingéniosité dans leurs techniques traditionnelles pour assembler les grandes planches de sapin, placer les « courbes » et les « arronçoirs », calfater les joints avec de la mousse des bois !

Bateau fruste certes mais ô combien efficace pour transporter des dizaines de tonnes de charbon en voguant sur le fleuve en crue !

Faire revivre ces techniques, même si nous ne pourrons pas toutes les employer à l’identique est un challenge passionnant et qui devrait intéresser de nombreux roannais.

II - 2) Proposer des animations :

< Autour du chantier de construction :

Le Chantier de construction est un chantier ouvert et vivant, il peut à certaines heures être visité.

Mise en valeur des outils, des techniques et des traditions des charpentiers de marine.

Présentation des méthodes de construction navale.

Exposition d’une maquette de ramberte et des plans sommaires du projet.

Le chantier est placé dans un espace visible et accessible.

< A propos de la vie des charpentiers et mariniers :

Les charpentiers et les mariniers sont vêtus à la façon de l’époque

Une exposition présente leurs coutumes.

Des temps de fête sont proposés aux spectateurs : repas, fêtes et chants de mariniers.

< La mise à l’eau :

Jour de consécration d’un chantier qui aura duré plusieurs mois. La ramberte est mise à l’eau.

Reconstitution d’un équipage de Ramberte.

Remerciement et dévotion à St Nicolas.

< Plusieurs projets de parcours de navigation sont à l’étude

De St Just St Rambert à Villerest avec une halte à Balbigny pour embarquer les passeurs du sauts du Perron

De Villerest à Roanne avec une procession jusqu’à l’église de Vernay

De Roanne à Nantes (en partie par route).

< Participation aux autres animations proposées sur la commune de Villerest ou autres communes, exemple : fête de l’eau, fête médiévale, centième anniversaire du pont de Vernay ………

 C) Concentration Loire-Atlantique 2006

Nous aimerions que la Ramberte construite par E.A.V. puisse participer à « Loire-Atlantique 2006 ». Cet évènement nautique initié par le Conseil Général de Loire-Atlantique, qui aura lieu du dimanche 17 juin au dimanche 02 juillet 2006, s’annonce comme exceptionnel. Il constituera le premier rassemblement international du patrimoine fluvial ainsi qu’une rencontre avec le patrimoine maritime. La plupart des grands fleuves du monde seront représentés : de la Tamise jusqu’au Yang Tsé Kiang en passant par le Nil !

Et bien sûr la Loire sera mise à l’honneur : il serait dommage que les modestes rambertes de la Loire amont, ne trouvent pas leur place dans cette manifestation haute en couleurs aux côtés de leurs sœurs de Loire moyenne et basse, gabares, chalands et autres futreaux.

 La ramberte de E.A.V. pourrait côtoyer ses homologues dans le trajet fluvial de 200 km prévu entre Montsorreau et Nantes et même sans voile porter haut les couleurs de notre département et de notre région !

Expédition en mémoire des mariniers descendre la LOIRE en ramberte avec les matériaux de l’époque charbon, vins et quincailleries et arriver à Montsorreau puis jusqu’ à Nantes et enfin « déchirer » notre ramberte (us et coutumes de l’époque) en feu de joie.

D) Animations pédagogiques